LA LOI DU CADRE AU CENTRE D'ART CONTEMPORAIN

 Le Centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive ouvrira ses portes samedi 8 juin. Pour cette huitième édition, deux artistes du fonds seront mis en lumière avec quatre vingt œuvres exposées : Maryan S. Maryan et Raphaelle Ricol.

Depuis 2006, le centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive explore l’expressionnisme contemporain figuratif et l’art singulier en proposant tous les ans une nouvelle thématique estivale.

Cette année, ce lieu mettra en tête à tête deux artistes du fonds : Maryan S. Maryan et Raphaëlle Ricol.

Ces deux artistes n’ont en apparence rien en commun, deux générations différentes, l’un meurt quand l’autre n’est qu’une enfant ; deux expériences de la vie qui semblent à l’opposé.

Et pourtant ! Comme une intuition, une famille, ou un mouvement commun, le cri silencieux de leur peinture se répond d’une décennie à l’autre.

Le trait de Maryan est précis, le cerne noir délimite les personnages cloisonnés dans leur monde ; celui de Ricol est brossé et en matière, oscillant entre peinture classique et street art foisonnant.

Ils utilisent les mêmes codes pour exprimer leurs révoltes et leurs luttes intérieures. La couleur permet de mettre en lumière la sombre précarité du monde qui les entoure, de détourner les figures tutélaires en des masques ridicules. Le théâtre du monde se joue sur des scènes emprisonnées par le cadre, cette loi du cadre qui emmure leur vision et renforce leur discours. D’où le sentiment de concentration de leur langage, de la déformation de leurs personnages tendus vers une expression dégoulinante, où le sujet se délite et dont l’intérieur coule littéralement par les orifices de son être ou par les extrémités de ses membres.

Chacun, d’un siècle à l’autre, a intégré les turbulences la société et les a liées avec leurs propres tumultes personnels nous donnant à voir une peinture foisonnante, exubérante, colorée et paradoxalement souvent statique, dont la solitude est le sentiment dominant.

L’exposition rassemblera quelque 80 œuvres des deux artistes.  

Vernissage le 8 juin 2013. Exposition du 9 juin au 29 septembre 2013, ouverte le mardi de 14h à 18h30 et du mercredi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30.  

Maryan S. Maryan

Pinchas Burstein, connu plus tard sous le nom de Maryan S. Maryan, (1927–1977) était un peintre expressionniste juif d'origine polonaise. Déporté à Auschwitz durant la guerre, après avoir été dans plusieurs camps, blessé une première fois, il fut le seul de sa famille à revenir. A l'arrivée des Russes, les Allemands décidèrent de fusiller les survivants ; il reçut 8 balles dans le corps. Il fut amputé d'une jambe et partit à Jérusalem étudier l'Art et la peinture au New Bézalel Art Scool après être resté deux ans dans un camp de réfugiés en Allemagne. Il vécut principalement à Paris et à New York où il mourut, sans doute d'un arrêt cardiaque dû à une surdose de tranquillisants. Il est présenté des les années 60 par de grandes galeries.

Raphaëlle Ricol

Raphaëlle Ricol est née en 1973 à Lyon. Son parcours est pour le moins atypique : elle fréquente d’abord une école de graphisme, fait de la photographie et commence à peindre en autodidacte à partir de 2001. Sélectionnée en 2010 par Fabrice Hergott, quelques unes de ses toiles ont fait partie de l’exposition Dynasty présentée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et au Palais de Tokyo.

Raphaëlle Ricol s’oriente d’abord vers une peinture réaliste pour être bien vite rattrapée par un monde peuplé de créatures à la fois violentes et burlesques. Son univers s’est abreuvé à plusieurs sources : La BD, les mangas, les dessins animés, le street art, la peinture classique, et bien sûr le monde qui l’entoure. Elle peint généralement à l’acrylique, mais y mêle le feutre, le marqueur ou la peinture à la bombe. Des objets viennent aussi s’incorporer dans sa peinture : Il en résulte une oeuvre libre, aux couleurs intenses, acides et stridentes; un reflet transfiguré et fantastique de notre monde contemporain, immédiat, accéléré et violent.